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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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dimanche 14 janvier 2018





PORNOGRAPHIE











GAYRACULA, 1983













Ce que j'aime dans la pornographie vintage, c'est que, contrairement à la pornographie actuelle qui tient parfois de la coloscopie, on n'est pas tout de suite dans la sodomie furieuse. Durant l'age d'or de la pornographie, les années 70 et 80, on ne se retrouve pas muqueuse contre muqueuse comme cela; il faut une entrée en matière, une mise en situation, un prétexte. Et parfois même un véritable scénario. Les réalisateurs de cette époque dont certains ont frôlé voire atteint le statut d'artiste, s'attachaient à nourrir le propos avec un cadre, un décor, une situation et parfois même une histoire.

C'était l'époque où les films pornos avaient des scénaristes. Gayracula fait partie de ces ovnis cinématographiques. Le film, réalisé par Roger Earl en 1983 relate une histoire calquée sur les aventures de Dracula. Bon, on est loin du roman de Bram Stoker, mais l'histoire, simplissime, qui a tout de même nécessité deux scénaristes, Laurei I. Lee et Dorothee Pshaw, tient la route et est développée jusqu'à la fin sans faiblesse. Tous les symboles y sont, l'ail, le crucifix, le cercueil, la chauve-souris, la grande cape, la morsure dans le cou...La morale du combat du bien contre le mal qui finit par être vaincu, laissant à la fin deux jeunes innocents enfin libres de vivre leur amour. On aurait presque envie de dire "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants..."




Le comte Gaylord (Tim Kramer) au premier plan, à gauche son amant, à droite Boris (Rand Remington), derrière le marquis de Suède (Steve Collins)



L'histoire narre les aventures du comte Gaylord (Tim Kramer), jeune homme qui, au 19ème siècle fut mordu pendant un acte sexuel et transformé en vampire par le marquis de Suède (Steve Collins). Après avoir été enfermé plusieurs décennies dans une crypte, il réussit à s'en échapper et, avec son serviteur Boris (Rand Remington), se rend dans le Los Angeles des années 80, à la poursuite du marquis de Suède pour se venger. Bien entendu, sur son chemin il rencontre de nombreux garçons, charmants et peu farouches avec lesquels il passe un bon moment avant de les mordre à son tour. Il finit par arriver à Los Angeles où il retrouve le marquis et rencontre l'amour sous les traits d'un jeune homme qu'il ne peut se résoudre à mordre. Il cherche alors la rédemption, refusant de mordre les hommes avec qui il couche, il est obligé d'aller chercher sa ration de nourriture dans les banques du sang. Finalement, il tue le marquis, qu'il avait épargné une première fois, d'un pieu dans le cœur, et l'amour si beau des deux jeunes gens exorcise le comte Gaylord qui peut à nouveau vivre à la lumière du soleil.




Tim Kramer













Comme il n'y a pas de représentation de l'acte sexuel sur Homodésiribus, j'ai réalisé un montage du film, coupant les scènes de sexe (mais les remplaçant avantageusement par quelque chose qui fera probablement sourire certains) ne laissant que l'habillage qui raconte l'histoire. En gros une demi-heure, sur un film de 83 minutes. Dans quel film actuel trouver ces 30 minute? J'avoue que j'ai laissé la scène, culte pour certains, où un Go Go dancer réalise la même prestation que la femme asiatique, dans un bar perdu dans le désert, dans le film Priscilla, folle du désert. J'en vois qui ont déjà compris.





Steve Collins et Tim Kramer






Ce qui rend sympathique ce film,c'est le sérieux du scénario exploitant le mythe de Dracula. Ce mythe est peut-être celui qui a connu le plus de versions dans le cinéma d'horreur. Depuis Nosferatu le vampire (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens), de Friedrich Murnau, 1922, des dizaines d'adaptations ont vu le jour. Il fallait bien une version gay. Dès la première scène ou l'on voit une lente procession de moines portant un cercueil jusqu'à une crypte pour y tuer le vampire qu'il renferme, on sent l'application de l'équipe du film à ne pas faire seulement un film de sexe. La transformation du compte Gaylord en une chauve-souris en plastique tentant d'échapper à ses bourreaux vaut un oscar des effets spéciaux.

















Ce film de 1983 est dis "pre-condom", c'est à dire sans préservatif. A sa sortie, cela fait deux à trois ans que le SIDA a commencé ses ravages aux Etats Unis. Mais l'industrie du porno n'en a pas encore pris conscience. Les préservatifs dans les films ne sont apparus que plus tard (même s'ils sont apparus chez les gays bien plus tôt et de façon bien plus systématique que dans les films hétéros). Je ne sais pas si c'est voulu, mais comment ne pas voir dans ce film une allégorie de la situation des homosexuels au début des années 80 aux USA? Une malédiction, une maladie qui se transmet lors d'un rapport sexuel, la transformation en vampire. Tout comme cette maladie, dont on ne connaissait alors pas vraiment le nom, qui se répandait et allait faucher tous ces hommes. En 1982, le SIDA touche 251 Américains dont 99 sont décédés. L'origine virale de la maladie sera découverte en 1983 par deux chercheurs français de l’Institut Pasteur, Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi, virus qu'il nomment "VIH-1 M".



















2 commentaires:

  1. https://www.gay-torrents.net/torrentdetails.php?torrentid=4abf6875bf86e3dd89f8a34a948f51a13854d936c4a89857

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  2. Le lien ci-dessus redirige vers le film sur un site de téléchargement illégal. Mais bon, je le laisse, d'abord parce que l'exploitation commerciale par les producteurs dont être terminée depuis belle lurette, et pour ceux qui voudraient voir les scènes de sexe. Merci à Rotsdammer

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