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"La différence entre l'érotisme et la pornographie c'est la lumière". Bruce LaBruce
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dimanche 27 octobre 2013





Pierre Molinier, 1900 -1976. France




                                       « De ma souffrance
                                          Je fais sous tes pas
                                          Un tapis de fleurs
                                          Sanglantes »...    Molinier







Pierre Molinier en 1930, portrait contre typé et tiré par lui dans les années 60.









Autoportrait au tabouret




Molinier n'aura pas connu de son vivant la notoriété qu'il méritait. Il n'aura fait que trois expositions, deux à Bordeaux et une importante à la galerie surréaliste A l'Etoile scellée en 1956 à Paris. Découvert par André Breton, il était engagé dans une œuvre de représentation de sa sexualité beaucoup trop franche pour l'époque pour rester affilié à un mouvement. Electron libre, adepte du plaisir en toutes choses, sa représentation du corps et des jouissances qu'il peut apporter a été le centre de son travail. Abordant les thèmes de l'identité sexuelle, de l'androgynie, du travestisme, du transsexualisme, du masochisme, du fétichisme (notamment celui des jambes), il décrit avec crudité ses pratiques sexuelles.





Ses accessoires













Son appartement reconstitué à la galerie Kamel Mennour en 2010



















Son appartement, studio de photos, recèle des trésors d'accessoires sexuels comme le maquillage les bas, les cravaches, les bustiers de cuir, les godemichés, les liens. Son œuvre a beaucoup choqué. Et maintenant il se trouve dans les musées d'art moderne. A sa mort, il n’est connu que par un cercle restreint d’amateur s d’art érotique, une œuvre destinée à mourir qui a connu une renaissance en 1979, trois ans après sa mort. C’est en 1995 que cette renaissance est totale avec la publication à Bordeaux du chef d’œuvre de Molinier, Le Chaman et ses créatures (éditions William Blake & Co). En 2005, les écrits personnels, les carnets intimes, réunis en un volume sous le titre Je suis né homme-putain, paraissent chez Kamel Mennour et Biro Éditeur.






















Autoportrait au masque





"Je suis né homme-putain."







Quatre autoportraits de la série "Mon cul"




Molinier est né le 13 avril 1900 à Agen dans un milieu modeste. Son père était peintre en bâtiment et décorateur et sa mère couturière. Il a été élevé par sa mère et sa tante. Il suit une scolarité dans une école catholique. Durant cette période, il fréquente les bals déguisé en femme. A douze ans, il perd son pucelage avec Gracieuse, une prostituée d’Agen. Sa sœur cadette, dont il était amoureux, meurt en 1918 de la grippe espagnole. Il dit l'avoir photographiée sur son lit de mort et s'être masturbé sur sa robe de première communiante. « Le meilleur de moi-même est parti avec elle » . Réalité ou provocation? Mais cette affirmation est le premier élément relaté qui annonce ses obsessions futures. il travaille dès l'age de treize ans avec son père tout en suivant des cours du soir à l'école municipale de dessin d'Agen.






Sans titre (Autoportrait), 1918




Il s'installe ensuite à Bordeaux comme peintre en bâtiment à son compte. De 1920 à 1922, il effectue son service militaire au décours duquel il se rend à Paris pour visiter les musées. Sa première exposition constitué e de tableaux de paysages et de portraits figuratifs à lieu dans les salons de peinture bordelais en 1927. Par la suite, il expose un tableau à Paris, à la Société Nationale des Beaux-Arts, puis fonde la Société des Artistes Indépendants Bordelais avec d'autres peintres. En 1931, il déménage dans un appartement au 7 rue des Fausset à Bordeaux qu'il ne quittera jamais plus et en fera un studio et atelier. Il se marie la même année et aura un fils et une fille. 





Sans titre



Des années 1920 à la fin des années 1940, sa peinture est figurative et présente des thèmes classiques : paysages du Lot-et-Garonne, natures mortes, portraits — notamment de sa fille Françoise — et autoportraits. Son travail d'après nature ainsi que sa recherche de structure, de couleur et de lumière dans les paysages le rapprochent de l'impressionnisme, tandis que ses portraits évoquent plutôt l'expressionnisme.

Pendant la guerre, il est mobilisé comme infirmier, mais il est fait prisonnier puis démobilisé. A cette période il devient un peu truand « Trois passions, la peinture, les filles et le pistolet. » dira-t-il plus tard. C'est à cette période qu'il abandonne le figuratisme pour l'abstrait avec sa toile Le satin blanc. Son père se suicide en 1944. En 1946, des représentant du Dalaï-Lama lui demandent de créer des Mandalas. Cette commande va être le déclic pour Molinier d'évoluer vers l'ésotérisme puis vers la peinture magique. En 1948, il crée Les amants à la fleur, sa première toile érotique. Sa femme le quitte avec sa fille l'année suivante, lasse de supporter cet homme qui ramenait ses maîtresse à la maison, lui laissant son fils.






Tombe prématurée, 1950



C'est en 1950 qu'il réalise sa Tombe prématurée avec pour épitaphe: « Ci-gît Pierre Molinier né le 13 avril 1900 mort vers 1950. Ce fut un homme sans moralité. Il s'en fit gloire et honneur. Inutile de prier pour lui ». « à toutes les conventions possibles et imaginables [...] ». C'est une période où il aura de nombreuses maîtresse dont le Petit Vampire qu'il photographiera. En 1951, il expose son tableau Le grand combat au salon d'automne des Indépendants Bordelais. Cette toile représentant des corps enlacés fait scandale. Il quitte alors les Indépendants.






Le grand combat, 1951







Autoportrait couché, visage voilé, jambe gauche levée, vers 1955. Tirage sépia. 8,5 x 9,3cm







Sans titre, autoportrait avec la tête de poupée greffée sur le corps de Molinier







La poupée de Molinier



Peu après, il prend contact avec André Malraux pour pouvoir exposer à Paris. Il décide d'envoyer un portfolio de photographies de ses toiles ainsi que quelques poèmes à André Breton (1896 - 1966) pour se faire connaitre à Paris. Breton est enthousiaste, il lui envoie une série de lettres et décide de l'aider. Vos oeuvres " procurent un frisson sans cesse renouvelé et cela me donne toute la mesure de leur pouvoir magique. Vous êtes aujourd'hui le maître du vertige " lui écrit-t-il.





Pierre Molinier. Portrait d'André Breton, 1960




Extraits de la correspondance de Molinier adressée à Breton


Cahier autographe avec dessin original, avril 1955.

Ensemble de poèmes autographes illustrés de 7 dessins originaux à l'encre

















































































































































En janvier 1956, Molinier expose à la galerie surréaliste A L'Etoile scellée grâce à Breton qui en est le directeur artistique.








Manuscrit, titré et signé à l'encre par Breton de l'état définitif de la préface d'André Breton pour l'exposition Molinier à la galerie A L'Etoile scellée.



... « La foudre, on ne l'avait plus vue se manifester dans la peinture depuis le Sémélé de Gustave Moreau, qui peut passer pour son testament poétique et, peut-être, l'admirable Puberté, d'Edvard Munch. Pierre Molinier, renouant le pacte avec elle, il n'est pas surprenant que l'œil soit, devant ses toiles, appelé d'abord à se défaire de toutes les habitudes et conventions que régissent de nos jours la manière de voir, de plus en plus aveuglément soumise à la mode... Il faut écarter de lourdes tentures pour pénétrer.


D'une fusion de joyaux entre lesquels domine l'opale noire, le génie de Molinier est de faire surgir la femme non plus foudroyée mais foudroyante, de la camper en superbe bête de proie. La vertu de son art, qui se veut délibérément magique... est d'enfreindre la loi qui veut que toute image peinte, si évocatrice soit-elle, demeure malgré tout objet d'illusion consciente, n'accède pas au plan de l'intervention active dans la vie»... André Breton.





Invitation au vernissage de l'exposition de Molinier à la galerie l'étoile scellée, 1955, 



texte de Breton (in-16) découpage de Molinier sur la couverture. 
























































































Il y expose 18 tableaux et quelques dessins dont La Comtesse Midralgar. "Le Pape du surréalisme" lui permettra également d'exposer à la huitième Exposition internationale du Surréalisme dédiée à Éros. Pierre Molinier fait partie des surréalistes de 1955 à 1969 et écrira quelques articles pour la revue Le surréalisme Même et réalisera la couverture du n°2, tout en restant relativement en marge. Il rencontrera grâce aux surréalistes la poétesse Joyce Mansour.






















La couverture est de Pierre Molinier



























" D'une fusion de joyaux entre lesquels domine l'opale noire, le génie de Molinier est de faire surgir la femme non plus foudroyée mais foudroyante, de la camper en superbe bête de proie. La vertu de son art, qui se veut délibérément magique, aussi dédaigneux que possible des puérils artifices du trompe-l'œil (quand bien même ceux-ci seraient mis au service de l'imagination), est d'enfreindre la loi qui veut que toute image peinte, si évocatrice soit-elle, demeure malgré tout objet d'illusion consciente, n'accède pas au plan de l'intervention active dans la vie." Andre breton






Sans titre, 1956








Sans titre








Ce qui est solennel









La Comtesse Midralgar









La fleur du paradis 









Titre?







Titre?







Succube




« Soyez sûr, cher Pierre Molinier, que vous n'avez dans le Surréalisme que des amis. » lui écrit Breton le 8 juin 1955. Et pourtant Molinier reçoit un accueil mitigé des surréalistes, « traumatisés » par le « côté complètement sexuel » de son œuvre.






A l'abri dans ma beauté, vers 1957








Lot de huit cartes pour l'exposition internationale du surréalisme. Paris, 1959




Après 1963, ses relations avec le groupe surréaliste se distendent, malgré les liens de sympathie avec Joyce Mansour et Clovis Trouille.






Communion d'amour













En 1956 il se lance dans la réalisation de photographies érotiques. Il rencontre une prostitué, monique, sur le trottoir en qui il voit sa fille naturelle. il couche avec elle et lui achète un bar.






Nu allongé. Gravure aquarelle sur papier Arches








Baphomet, vers 1956




Il rencontre alors Emmanuelle Arsan, l'auteur d'Emmanuelle avec qui il a une liaison avec la bénédiction de son mari. Elle lui servira de modèle. Ses tableaux deviennent franchement érotiques. Il mélange son sperme avec les pigments pour réaliser son glacis. " La liqueur spermatique recueillie de mes amours avec Emmanuelle me sert de vernis pour mes tableaux. "







Marayat couchée. Autoportrait et Emmanuelle Arsan. Planche n°15




Dans la première maquette du Chaman et ses créatures, ce portrait est intitulé La Beauté Idéale. La photo d'Emmanuelle Arsan n'est pas de Molinier mais de l'un de ses confrères breton, Lesoual'ch. Molinier l'a retravaillée et retirée selon ses goûts.






Sans titre








Sans titre








Sans titre








Les amoureuses angoissées, 1962




En 1960, il gifle violemment sa femme et tire des coups de feu au dessus de la tête de son cousin; il aura des ennuis avec la justice quelques temps après. Il abandonne son métier de peintre en bâtiment pour se consacrer à son œuvre.

En 1965, il rencontre des peintres surréaliste et tourne une ébauche de film, Mes jambes.





Autoportrait tenant dans ses bras la poupée, vers 1960









Autoportrait devant paravent, vers 1961








Effigie, circa 1961






 Oh..! Marie, mère de Dieu










Il réalise en 1965 son célèbre tableau blasphématoire Oh..! Marie, mère de Dieu où l'on voit deux femmes pratiquer la fellation et la sodomie dans la position d'un Christ crucifié. Cette toile sera refusé par André Breton pour l'exposition Internationale du Surréalisme. Pierre Molinier quitte les surréalistes.

Il voulait vendre ce tableau au pape « Si on me crucifiait, je voudrais qu’on me fasse ce que l’on fait à mon Christ. Et je voudrais bien avoir un godemiché dans le trou de balle, par exemple. Et puis, être sucé. Alors la souffrance se transformera en volupté ; » écrit-il à Hanel Koeck, fétichiste allemande des jambes et des souliers et adepte du sado-masochisme, qui sera son modèle pour de nombreuses toiles et photomontages.






Portrait d'Hanel








Portrait d'Hanel (Photomontage)









Oh..! Marie, mère de Dieu









Oh..! Marie, mère de Dieu








Oh..! Marie, mère de Dieu








Autoportrait avec l'ébauche du tableau Oh..! Marie, mère de Dieu








Autoportrait avec le tableau Oh..! Marie, mère de Dieu









1965 Tirage argentique. Porte les cachets au dos: - P. Molinier: "Oh!... Marie, mère de dieu" 1965 - L'oeuvre, le peintre et son fétiche - Atelier du Grenier St-Pierre





La photographie pour Molinier est tout d'abord le moyen de reproduire ses tableaux. Puis naturellement il s'oriente vers le portrait et découvre la possibilité de mettre en scène son narcissisme, de devenir le voyeur de son exhibitionnisme et de mettre en scène la relation incestueuse qu'il a avec son double androgyne. Les épreuves sont obtenues par contact. Leur format maximal est de 24x30 du fait de la taille du châssis-presse qu'il avait fabriqué, tout comme il fabriquait ses costumes, ses loups, ses godes ou ses culottes. 

Il travaille de plus en plus la photographie, réalisant des photomontages avec des photographies découpées dont il prend en photo le montage final "idéal". Il réalise beaucoup d'autoportraits travesti en femme. Il veut " rejoindre l'androgyne original ". Sa sexualité est débridée, amateur de prostituées, bisexuel, travesti, transsexuel, masochiste, fétichiste des jambes, amateur de godemichés, il s'adonne à l'autofellation grâce à un joug de sa fabrication. Il met en scène cette sexualité extrêmement inventive, seul ou avec des amis, et la prend en photo qu'il distribue en guise de carte de visite. Érotisme et ésotérisme planent au dessus de son oeuvre.




Le Chaman et ses créatures













Le Chaman, Planche N°35 (photomontage, les seins sont faux comme la verge, un gode de fabrication maison.)




En 1966, il prépare la réalisation d'un album de photomontages, Le Chaman et ses créatures, véritable anthologie de ses pratiques sexuelles. Mais il ne trouve pas d'éditeur pour le publier. L'album ne sera publié qu'en 1995.







Collage préparatoire n°1 pour le photomontage Introït, planche 2 de l'album Le Chaman et ses créatures








Collage préparatoire n°2 pour Introït, planche 2








Collage préparatoire n°3, avant dernier état pour Introït, planche 2








Introït, 1967








Trois autoportraits, planche n°3








Rêve, planche n°7








Collage original réutilisant deux images du Stylite, planche n°14








Le petit vampire, planche n°16 et 17




Portraits de Michelle Secques, surnommée Le Petit Vampire. A partir de 1965 elle était connue parmi les jeunes gens qui fréquentaient la rue des Faussets comme la « maîtresse officielle » de Molinier. Ces photos n'ont jamais été publiées. Son visage grimaçant a été repris, à l'envers, dans Cravache, photomontage n°53






Antomime céleste, planche n°19








Autel de la Patrie, planche n°20









Planche n°20




Deux autoportraits. Sur le chevalet, le grand dessin préparatoire pour Le Bonheur fou; à gauche, celui d'un autre tableau Amours. Dessins et tableaux sont reproduits en pleine page dans le Chaman et ses créatures.






Planche n°20








Autoportrait assis, planche n°24 (Autoportrait assis en érection se pinçant les seins.)








Travestis, planche n°34 (Trois portraits de travestis anonymes)








Ossipago, planche n°35








Hanel (Koeck), planche n°36








Hanel (Koeck), planche n°38




Deux portraits d' Hanel Koek. La photo du modèle a été collée au milieu des branches sur une publicité en couleur puis contre typée en noir et blanc. Ce photomontage illustre à nouveau la méthode qui consiste à tirer un négatif en recto et en verso. Composition obtenue par le rapprochement des deux tirages.






Festin de Manès, planche n°40








Méditation vampirique, planche n°41









Collage original définitif de L’étoile de six, planche n°43 









Emmanuelle (Arsan), planche n°49









Hanel 1, planche n°51









Hanel








Cravache, planche n°53







Grande mêlée, planche terminale du Chaman et ses créatures



En 1969, il dit avoir exhumé son père pour conserver ses ossements dans un petit cercueil dans son appartement de Bordeaux. Parait cette année un album de ses œuvres chez Jean-Jacques Pauvert.





Comment me trouvez-vous?, vers 1965








Autoportrait, 1966






Autoportrait







Comme je voudrais être, 1969













Delectable, 1970








Petit bec-l'ouf damour, 1972







Sans titre, 1972



En 1972, Molinier lègue son corps à la science pour être disséqué. Les dernières rencontres importantes à la fin de sa vie sont Luciano Castelli, jeune peintre suisse avec qui il réalise une série de photographies de travestis, Thierry Agullo, un artiste bordelais, dans un travail commun sur l'indécence et Peter Gorsen qui fait paraître à Munich, un album de photomontages, Pierre Molinier lui même.






Portrait de Luciano Castelli








Portrait de Luciano Castelli







Luciano Castelli







Collage original définitif du photomontage reproduit dans le livre de Peter Gorsen sous le titre de Torse (Molinier, lui-même) et repris sans titre dans Cent photographies érotiques, p. 97




En 1974, Pierre Molinier participe à l'exposition collective « Transformer. Aspekte der Travestie », au Kunstmuseum de Lucerne, en Suisse. Son fils meurt l'année suivante.






Sans titre




De plus en plus hanté par l’idée de la mort, il écrit à Emmanuelle Arsan en 1974. « Je suis furieux d’être un vieillard. Je suis terriblement fatigué, et depuis le début de l’année, sexuellement j’ai éprouvé des défaillances. Il me tarde que le voyage soit terminé. »






Pierre Molinier tirant au pistolet, vers 1955




En 1976, il réalise avec Thierry Angullo qui en même temps qu'un modèle était devenu un ami, une série sur le thème de l'androgyne, constituée de 60 clichés de Thierry Agullo en Thérèse pris fin février 1976. Il se suicide le 16 mars d'une balle dans la bouche. Son corps est transféré à l'Institut médico-légal puis à la Faculté de Médecine de Bordeaux. Après dissection, ses restes seront inhumés dans un cimetière bordelais.






Susinella



Joyce Mansour a écrit un poème consacré à Molinier.

Sens interdits

Il n’est pas de bonheur plus voluptueux
Qu’en cette pénétration de soi
Par tous les orifices de l’imaginaire
De l’anus grignotant
A la petite bouche de cire
L’homme qui s’est fait femme dans le charnier de son œuvre
Celui qui traqua son phallus dans les ruelles
Bordées d’ombre
S’est tu s’est tué une fois sa forge
Éteinte






L'homme au sabre



Molinier, le peintre et le photographe dont la partie majeure de l'œuvre est constituée de photomontages est un précurseur. Créant à coups de ciseaux des personnages ambigus aux membres démultipliés, la multiplication de la chair, il nous présente des scènes d’orgies surréalistes. Ces sujets sont des monstres tentaculaires effrayants et en même temps désirables. Des fétiches androgynes mi-homme mi-femme ou ni-homme ni-femme, aux sexes tendus, offerts.

Une esthétique de la confusion des genres au service du plaisir brut totalement assumé. Il ose à son époque parler du corps, du sexe et des plaisirs qu'ils peuvent apporter sans tabou. Considéré comme pornographe à l'époque, il est maintenant un artiste qui a vécu sa folie du sexe jusqu'au bout et la sublimer pour en faire un art. Loin des préjugés bourgeois qu'il combattait, il est un exemple de liberté pour toutes les générations qui nous renvoie à nos propres questions sur les notions d'identité, de sexe et de genre.





Féminin pluriel est triste, 1967







Fille magique, vers 1955








Fille magique, vers 1955








Gode dit à cannelures, vers 1965








La rose blanche, 1965








L'appareil









Le Podex d'amour, 1969








Le triomphe des tribades ou Sur le pavois, 1967









Les Bottes, 1966-1967







Pantomime céleste, 1967



Et pour finir, en regardant les clichés de Molinier, comment ne pas penser à son contemporain, l'artiste franco-allemand, lié lui aussi au surréalisme, Hans Bellmer (1902 - 1975) et sa Poupée érotique conçue en 1934 - 1935. La Poupée, souvent sans tête, avec, elle aussi, des membres démultipliés, prise en photo dans diverses situations, ramène comme chez Molinier à un érotisme étrange, proche de la (petite) mort.






La Poupée, Hans Bellmer, 1935-1936, Objet articulé (avec éléments de 1933-1934), additions et réfections en 1945 et 1970-1971, bois peint, papier mâché collé peint, cheveux, chaussures, chaussettes, 61x170x51 cm


















































  • Sources:










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